Greek term |
saroution
|
French translation |
alliage de cuivre (?) ; technique de décoration (?)
|
English translation |
copper alloy (?) ; decoration technique (?)
|
Definition |
"Saroution" est terme obscur qui n'est pas attesté dans les dictionnaires grecs. Pour le comprendre, les éditeurs de textes se fondent sur une glose de Ducange, qui propose la définition de "cuivre brûlé" (cf. Ducange, s.v. σαρούκτη). Les icônes saroutia ont donc été rapprochées d'un vaste groupe d'icônes en bronze datées des XIe-XIIe siècles. Parmi celles-ci, relevons l'icône en bronze doré de saint Nicolas, au musée Byzantin de Thessalonique, cf. Papanikola-Bakirtzi 2002, no. 179, p. 158 ; une plaque de l'archange Michel, cf. Musée du Louvre, acquisitions 1990-1994, no. 4, p. 53-54 ; la plaque d'Anvers avec la Déèsis et saints guerriers, cf. Splendeur de Byzance, no. Br. 23, p. 180 ; deux plaques du British Museum, la première avec saint Théodore et la seconde avec la Vierge Hodègètria flanquée de Théodore et de l'archange Michel, cf. Buckton 1994, no. 159-160, p. 146-148. Il faut encore noter l'existence d'un second groupe d'icônes en alliage cuivreux ayant un décor en relief obtenu par impression sur une matrice. Cf. plaque de saint Hermolaos, datée du XIe siècle, à Dumbarton Oaks, cf. Boyd 1998, p. 22-25) ; plaque de la Vierge Hodègètria, datée du XIIe siècle, au Victoria & Albert Museum à Londres, cf. Evans, Wixom 1997, no. 331, p. 495-496. Relevons aussi une plaque du XIVe siècle avec saint Georges au musée de la civilisation byzantine à Thessalonique, cf. Papanikola-Bakirtzi 2002, no. 701, p. 511-512. Les icônes saroutia sont fréquemment mentionnées dans les inventaires de biens. Un acte de Docheiariou nous donne le prix de deux icônes de ce type, respectivement six et deux hyperpères [1, 2]. Le typikon du monastère de la Bebaia Elpis mentionne une icône sarout dorée [3]. Dans la liste des objets se trouvant au monastère de la Gabaliotissa à Vodéna, il est question d'une icône de la Théotokos sarout [4], tandis que dans le Testament de Boïlas il n'est question de pas moins de douze icônes saroutia [5]. Dans certains cas, il est précisé que les icônes saroutia ont une bordure en argent [6-8]. Voir aussi l'inventaire du monastère de l'Eleousa en Macédoine où des icônes saroutia [9, 10] sont mentionnées en même temps que des icônes faites dans un alliage cuivreux et doré [11]. Si "saroution" désigne un alliage de cuivre, ce qui n'est pas sûr, il se distingue, dans ce dernier exemple du moins, de "chalkos". Nous pourrions donc faire l'hypothèse que les deux termes font référence à des alliages cuivreux différents. Toutefois, deux icônes de la liste initiale de la diataxis d'Attaliate en argent avec des bordures en argent doré sont dites "sarout" [12]. Dans ce cas, "sarout" peut difficilement désigner un alliage de cuivre, mais semble se référer plutôt à une technique de décor. La racine du mot sarout est à rechercher sans doute dans le verbe "srt", qui désigne l'acte d'écrire, de tracer une ligne, mais aussi celui de graver ; "sārūṭā" est le graveur, celui qui trace une ligne, incise, tandis que "srāṭā" est une incision, cf. Thesaurus Syriacus, éd. R. Payne-Smith, II, Oxford 1981, p. 2738-2739 ; Payne-Smith, J., A Compendius Syriac Dictionary, Eugene 1999, p. 391. L'introduction de ce mot technique d'origine syriaque dans le vocabulaire byzantin peut être rapprochée de la présence à Constantinople au XIe siècle d'artisans du métal d'origine syrienne, dont le travail est documenté dans les inscriptions bilingues, en grec et en syriaque, qui accompagnaient les portes en bronze exportées à Rome, à l'église de Saint-Paul-hors-les-Murs (1070). Le graveur qui a effectué le décor de ces portes est désigné par le substantif "gramsonta" (pour grapsanta), qui se rapproche par le sens du mot syriaque "srwt'", tandis que l'inscription en syriaque, qui était gravée sur une plaque voisine, désigne le fondeur qui a procédé à la manufacture des plaques. Au sujet de ces portes et de leurs inscriptions, cf. Guillou 1996, no. 54, p. 58 ; Mango, C., La Civiltà Bizantina dal IX all' XI secolo : Aspetti e problemi (Corsi di Studi II), Bari 1978, p. 249-251 ; Matthiae 1971, p. 75 ; Marini Clarelli 1995, p. 641-652. Les icônes dites saroutia pourraient être rapprochées alors des plaques en laiton de la série de portes exportées en Italie, dont le décor gravé est néanmoins enrichi d'incrustations de nielle. Si ce terme convient bien à la technique utilisée pour le décor des portes de Saint-Paul, les icônes décorées de cette façon paraissent pour le moins exceptionnelles. Il est donc possible de faire l'hypothèse que le terme d'origine syriaque a pu, dans une majorité de cas, être détourné de son sens premier et désigner non plus une technique de décor, mais le matériau utilisé, à savoir un alliage cuivreux. Pour une synthèse sur les icônes en alliage cuivreux : Schwartz, 2014.Voir aussi, Brooks 2009. Cette fiche de synthèse "technique" ne possède pas d'artefact associé, voir en revanche les exemples ci-dessous et utiliser le moteur de recherche d'artefacts pour accéder à d'autres occurrences. |
Updated at |
June 9, 2017 08:55
|